Une culture coupée en deux?

janus

Dans l’enseignement, il est coutume de séparer les matières littéraires et les matières scientifiques, cette distinction donne lieu à une attitude clivante face à la connaissance, rares sont les professeurs, en France qui sont capables de passer d’un domaine à l’autre, ou de s’impliquer dans une matière qui n’est pas la leur.

Être capable de transversalité assure une souplesse et une plasticité face à sa spécialité, c’est aussi avoir fait l’expérience d’une remise en question de ses connaissances et de ses facultés et ainsi savoir faire preuve d’humilité. Aussi comment enseigner des rudiments méthodologiques pour sa propre matière dans ces conditions? Comment des professeurs qui ne sont que spécialistes convaincus de leur domaine, peuvent-ils avoir le recul nécessaire et les outils pour faire appréhender leur discipline ?

La philosophie peut apporter une compréhension transversale et transdisciplinaire des méthodes, lorsqu’on s’intéresse à l’ensemble de son histoire, elle peut offrir un regard distancé et critique sur tous les domaines. A l’époque de Pythagore, le philosophe était aussi et avant tout un mathématicien ; appréhender le monde c’était observer conjointement les astres, les rapports entre les nombres et le bien vivre humain.

A l’heure actuelle, si on affiche une tolérance généralisée pour la différence, on ne sait plus réellement ce qu’il y a d’autre que ce que l’on fait. C’est le problème de la spécialisation. Nous n’avons affaire qu’à des points de vues particuliers, dépendants de choix d’orientation, ou de la culture locale. La pensée serait en danger face aux choix politiques nationaux, là où elle gouvernait aux meilleures heures de la philosophie. Il semble que nous sachions encore faire preuve d’érudition mais fréquemment elle est recherchée comme fin en soi, elle n’est plus un moyen au sens où elle est dépourvue de l’appréhension de méthode et d’un regard critique au sens de méthodes constructives.

Une réflexion sur “Une culture coupée en deux?

  1. Après le lycée j'avais un rapport contrarié avec l'enseignement de la philosophie. Même si ce n'est pas son sujet,ce texte m'évoque ce qui me tracassait à l'époque. Personnellement je ne pouvais m’empêcher de m’interroger sur ce que les grands philosophes classiques auraient bien pu penser aujourd'hui de leur travail au regard de l'avancée des sciences après leur époque. Cela m'amenait par exemple à considérer que Descartes n'aurait pas cette idée d'animaux-machines s'il vivait aujourd'hui. Ce sont des réflexions bien stériles, et aujourd'hui je regarde le moi d'alors avec indulgence, mais je crois que j'aurais apprécié que l'enseignement de la philosophie (que j'ai reçu) mette davantage en perspective les courants de pensées de telles ou telles époques avec l'état des considérations scientifiques qui leur étaient contemporaines. Je crois que j'avais l'impression que toutes les pensées philosophiques nous étaient présentées comme à considérer valides telles quelles aujourd'hui et que cela me perturbait. Je me dis qu'il ne nous était pas assez expliqué que l'ambition du cours était de nous transmettre une base de connaissance sur l'histoire des idées et non pas des connaissances en tant que telles. Peut-être que mon moi d'alors était bien naïf :)Cela étant dit, j'ai été très marqué notamment par un texte : La lettre à Ménécée. Ce texte m'a alors fait l'effet d'une évidence, structurant des idées que je percevais déjà mais qui n'étaient pas encore mures. Je peux dire que ce texte a profondément impacté ma manière d'envisager l'existence.

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