Les limites du trop savoir, l’écueil de penser que le sage ou le philosophe doit être celui qui sait tout : 

 


Rick Hanson Le pouvoir des petits rien, 52 exercices quotidiens pour changer sa vie. 


Chapitre 34 : Ne pas savoir

Il est un érudit et une sainte qui habitaient la même rue. Un jour, l’érudit interrogea la sainte sur le sens de la vie. Elle parle d’amour et de joie, puis marqua une pause pour réfléchir, et l’érudit se lança dans un long discours sur les philosophies occidentale et orientale. Lorsqu’il eut terminé , la sainte lui propose du thé, le prépara avec soin et le versa lentement dans la tasse de l’érudit. Centimètre par centimètre , le liquide monta dans la tasse. Il s’approcha du bord, mais la sainte n’arrêta pas de verser. Il déborda de la tasse, se répandit sur la table, mais la sainte ne s’arrêta toujours pas. « Qu’est ce que vous faites? » s’écria l’érudit. Vous ne pouvez pas remplir une tasse déjà pleine! » La sainte posa la théière et répondit : « Exactement. »
L’esprit ouvert et spacieux peut absorber beaucoup d’informations utiles. En revanche, l’esprit déjà plein -de suppositions, de convictions, d’idées préconçues- laisse passer des détails ou des éléments de contexte importants, tire des conclusions hâtives et peine à apprendre des choses nouvelles.
Par exemple, imaginons qu’une amie vous dise des mots blessants. Quels seraient les avantages de l’attitude suivante? Hum, qu’est ce qu’elle veut dire? Je n’en suis pas sûr, je ne sais pas vraiment. Premièrement, vous vous accorderiez plus de temps pour réfléchir avant de prononcer des paroles  regrettables. Deuxièmement, vous vous poseriez spontanément des questions et vous en apprendriez davantage :
Avez-vous bien entendu? Avez-vous des raisons de lui présentez des excuses? Est-ce que votre amie est perturbée par des événements qui n’ont rien à voir avec vous? Est-ce qu’elle vous a simplement mal compris? Troisièmement, votre amie serait probablement plus ouverte et moins sur la défensive : les je-sais-tout sont assez agaçants.
Selon Jean Piaget, le grand psychologue de l’enfant, il existe essentiellement deux types d’apprentissage : 
*l’assimilation : l’intégration de nouvelles informations à un mode de raisonnement existant
*l’accommodation : le changement d’un mode de raisonnement existant en fonction de nouvelles informations.
Les deux sont importants, mais l’accommodation est plus fondamentale, et sa portée considérable. Pourtant elle est plus difficile à appliquer car abandonner ou transformer des convictions ancrées peut se révéler déstabilisant, voir effrayant. C’est pourquoi il importe de retrouver le chemin de la merveilleuse ouverture d’esprit des enfants, en voyant pour la première fois un grillon, une brosse à dent ou un champignon -un esprit d’enfant, un esprit neuf du débutant… un esprit qui ne sait pas.

Une réflexion sur “Le savoir ou la sagesse?

  1. Bonjour,

    Belle initiative que ce site dédié aux échanges philosophiques !

    Je découvre … et je me permets de participer, dire mes idées sur ce sujet …

    Autrefois, au moyen-âge, on nommait les hommes de sciences (alchimistes) Philosophes, ou Sages
    car ils avaient la connaissance des grands mécanismes qui sous-tendent notre apparente réalité.
    On pourra aussi remarquer que le mot conscience se décompose en con-science, avec science !
    et c’est sans rappeler le fameux « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »
    on voit bien apparaître ce pont entre Connaissance et Sagesse (conscience), éveil ?

    Le but profond de toutes les philosophies traditionnelles n’est-il pas d’élargir le champ de conscience ?
    Chez les Anciens et au travers de leur « langue verte » le Savoir c’est ‘Voir ça’ ! et rien d’autre.
    On pourrait dire un ‘s’avoir’ s’avoir soi-même, enfermé dans nos certitudes, il s’adresse surtout au monde du tangible, des techniques .

    La connaissance c’est ‘Naître Avec’ ! (Voilà qui nous ramène à l’esprit neuf de l’enfant)
    La Connaissance en tant que Sagesse donc, celle du  » connais-toi toi-même et tu connaîtra
    l’univers et les dieux  » elle s’adresse d’avantage au monde intérieur et à l’esprit.

    Quand on demande au philosophe : « Comment êtes-vous devenu philosophe ?  »
    Celui-ci répond :  » je ne suis pas devenu philosophe, je le suis resté ! car l’enfant est philosophe par essence.  »

    Pour tenter d’approfondir, je dirais que l’esprit de l’enfant est un esprit ‘qui ne sait pas qu’il doit savoir’
    un esprit encore non-corrompu par les habitudes, les convictions …. en constant renouvellement il demeure libre .

    Aussi, pour nous qui avons quitté (plus ou moins) ce monde de l’enfance, coupés de cette Source fraîche,
    je pense qu’il est bon, afin de conserver un esprit sain, de savoir remettre en doute nos convictions ancrées, pour voir plus loin et monter un barreau de plus sur l’échelle de la Sagesse .

    Heldon

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